Brève histoire du tournage
Les premières traces du tournage sur bois remontent à environ 1350 avant JC, en Egypte. Les objets réalisés sont des objets de parure, du quotidien, du funéraire et du mobilier.
Plus tard, à l’époque des Gaulois, plusieurs objets tournés datant du VIe siècle avant J.C, ont été retrouvés. Il s’agit de vaisselle, divers récipients, pieds de tables...
Durant l’époque romaine les techniques du tournage sur bois n’ont pas beaucoup évolué et les objets confectionnés répondaient toujours aux mêmes attentes puisqu’elles concernaient la vaisselle, les ustensiles de cuisine et certaines parties du mobilier.
Au Moyen Âge, les tourneurs sur bois sont indispensables à la vie de tous les jours puisqu’ils fabriquent toujours la majorité des objets ménagers en bois : godets, écuelles, jattes, plateaux etc... qui étaient enduits de cire d’abeille. Ils confectionnaient également pelles, poulies, moyeux de roues, manches d’outils, etc... de même que des rouets pour le filage de la laine et des pieds de chaises.
Au Moyen Âge les tourneurs étaient des artisans ruraux appelés « artisans-paysans ». Paysans au printemps et en été, tourneurs de la mi-automne à la fin de l’hiver. Ils travaillaient en collaboration avec d’autres artisans tels que des charrons, menuisiers, sabotiers, etc... L’artisan-paysan devint dans nos régions jurassiennes le paysan-horloger à la fin du XIXe siècle.
Durant les Temps Modernes (1492 à 1789), les différents styles de mobiliers se sont succédé et le tournage sur bois a connu durant cette période un énorme succès puisque la réalisation des meubles de style devait obligatoirement faire appel à des tourneurs.
A partir du XVIIIe siècle de grands ateliers transforment l’artisan en ouvrier, concurrençant durement la production artisanale traditionnelle.
L’énergie hydraulique puis à partir du siècle suivant, l’énergie électrique ont permis également d’augmenter les vitesses de rotation, améliorant ainsi notablement la qualité des pièces.
Dès le XXe siècle, les meubles de style en bois tourné n’ont plus le même impact de sorte que le tournage sur bois doit se diversifier.
D’autre part, l’arrivée de l’électricité permet la création d’ateliers réunissant parfois des dizaines de tourneurs travaillant côte à côte.
Plus tard dans le même siècle, les machines deviennent de plus en plus sophistiquées, c’est le début de la production en série.
Au XXIe siècle l’artisan tourneur est donc contraint de se diriger vers la réalisation de pièces plus élaborées et uniques, ne pouvant en aucun cas être réalisées en série. Le tourneur sur bois redevient alors un véritable artisan créateur. Si les techniques de base restent les mêmes, elles sont réinterprétées à travers le tournage d’art contemporain, La matière est travaillée en fonction de sa structure et une déformation du bois n’est pas forcément éliminée mais peut au contraire être exploitée pour accentuer l’originalité de l’objet.
D'après André Beuret (https://www.artisanat.ch/reportages/792-le-tournage-sur-bois.html)
Le Jura : terre de tournage
Introduite dans le pays de Saint-Claude, dans le Haut-Jura, dès le Ve siècle, la tournerie sur bois connut un essor extraordinairement dynamique aux XVIIIe et XIXe siècle.
Le tournage occupait alors un grand nombre d'ouvriers dans les fermes du Haut-Jura, surtout pendant les longues soirées hivernales qui pouvaient durer six mois.
La fabrication d’objets se faisait alors sur des tours à pédale (comme les machines à coudre) avant que n'arrive l'électricité vers la fin du XIXe siècle. Il existait aussi des moulins-tourneries qui utilisaient l'eau des rivières pour alimenter tout un circuit de transmission par poulies et courroies qui actionnaient alors différentes machines dans des ateliers.
Il n’est pas exagéré de dire que la tournerie jurassienne avait bonne réputation en France par la qualité et la variété de sa production. De nombreux artisans et entreprises fabriquaient alors de multiples objets aussi variés que des tabatières, des pipes, des articles de cuisine, des jouets, de l’ameublement, des articles de couture, des passementeries...
Le Jura est aussi une région où le buis pousse assez bien, ce qui a fait la richesse de certains tourneurs spécialisés utilisant cette matière particulièrement esthétique et agréable au tournage.
Aujourd'hui, malgré le déclin amorcé dans les années 70, il reste encore des tourneries qui conservent ces savoir-faire acquis depuis des générations, et qui marquent le Jura comme une région propice a l'artisanat du bois.
D'après Jean-Renaud Scordia (https://www.tournage-bois-scordia-mof-jura.fr)